Alberto Giacometti est un sculpteur et un peintre suisse, né à Borgonovo, dans le val Bregaglia, le 10 octobre 1901, et mort à Coire, le 11 janvier 1966.

Alberto Giacometti grandit en Suisse dans le Val Bregaglia, à quelques kilomètres de la frontière italo-helvétique. Son père, Giovanni Giacometti (1868-1933) est un peintre impressionniste estimé des collectionneurs et des artistes suisses. Il partage avec son fils ses réflexions sur l’art et la nature de l’art.

Alberto Giacometti réalise à 14 ans, dans l'atelier de son père, sa première peinture à l’huile, Nature morte aux pommes (vers 1915) et son premier buste sculpté, la petite Tête de Diego sur socle. Son père et son parrain, le peintre symboliste Cuno Amiet (1868-1961), sont deux figures essentielles dans le développement artistique du jeune Alberto. En 1922, Giacometti part étudier à Paris et entre à l’Académie de la Grande-Chaumière, où il suit l’enseignement du sculpteur Antoine Bourdelle (1861-1929). Des dessins de nus témoignent de cet apprentissage, et, comme ses premières sculptures cubistes, de l’influence de Jacques Lipchitz et de Fernand Léger.

L’œuvre de Giacometti est marquée par l’influence de la sculpture africaine et océanienne. Quand Giacometti s’y intéresse en 1926, l’art africain n’est plus une nouveauté pour les artistes modernes de la génération précédente (Picasso, Derain) ; il s’est même vulgarisé au point de devenir décoratif.

Les deux œuvres qui l’ont fait remarquer du public pour la première fois : la Femme-cuillère et Le Couple, exposés au Salon des Tuileries à Paris, témoignent du bouleversement que cette rencontre produit chez le jeune artiste. En 1928, Giacometti commence une série de femmes et de têtes plates, dont la nouveauté lui vaut d’être remarqué en 1929 et d’obtenir un premier contrat avec une galerie, celle de Pierre Loeb, qui expose les Surréalistes.

À cette époque, Giacometti fréquente Carl Einstein, l’auteur du livre de référence sur la sculpture africaine, Negerplastik (1915) et Michel Leiris, qui deviendra un spécialiste de l’art dogon. Plusieurs œuvres plus tardives, dont des plâtres peints exceptionnels et quelques peintures, montrent comment l’art non-occidental a influé durablement sur sa production. L'artiste s’éloigne d’une représentation naturaliste et académique pour une vision totémique et parfois hallucinée de la figure, chargée d’une puissance magique.

Giacometti adhère au mouvement surréaliste d’André Breton entre 1930 et 1935, mais les procédés surréalistes jouent une importance continue dans sa création : vision onirique, montage et assemblage, objets à fonctionnement métaphorique, traitement magique de la figure.

La Tête qui regarde le fait remarquer par le groupe en 1929, et la Femme qui marche de 1932, conçue comme un mannequin pour l’importante exposition surréaliste de 1933, figurera dans sa version actuelle sans bras ni tête à l’exposition surréaliste de Londres en 1936. Une version peinte de la construction sur plateau intitulée Le Palais à 4 heures du matin évoque l’aspect théâtral de son univers onirique.

Membre actif du groupe de Breton, Giacometti s’y impose vite comme l’un de ses rares sculpteurs. En créant en 1965 pour une rétrospective à Londres une dernière version de la Boule suspendue et en en donnant une version peinte, Giacometti montre la persistance de son lien avec le mouvement.

La création d’objets d’art décoratif montre l’intérêt de Giacometti pour les objets utilitaires qu’il admirait dans les sociétés antiques ou primitives. En 1931, Giacometti avait créé une nouvelle typologie de sculptures, les « objets mobiles et muets » : des objets au mouvement latent et suggéré, qu’il faisait exécuter en bois par un menuisier.

Comme l’Objet désagréable ou l’Objet désagréable à jeter, la Boule suspendue établit un pont entre l’objet et la sculpture et interroge le statut même de l’œuvre d’art. Dans certaines de ces sculptures, Giacometti recourt pour la première fois au procédé de la « cage », qui lui permet de délimiter un espace onirique de représentation.

À partir de 1930, Giacometti crée de nombreux objets utilitaires : lampes, vases, appliques qui étaient vendus par le décorateur d’avant-garde Jean-Michel Frank. Il conçut aussi des bas-reliefs en plâtre ou en terre-cuite pour des commandes spéciales, notamment pour l’hôtel particulier des Louis-Dreyfus à Paris. En 1939, il est l’un des artistes sollicités pour une grande commande d’un collectionneur argentin pour lequel il dessina des cheminées, des lustres, des consoles. Juste avant l’envoi à Buenos Aires, le décor complet, coordonné par Jean-Michel Frank, est installé dans une maquette à grandeur réelle à Paris. Après la guerre, Giacometti continue à créer d’autres objets dont une lampe en 1950, inspirée de la statuaire dogon et des objets funéraires égyptiens, ou un foulard en 1959 pour une commande de son galeriste Aimé Maeght.

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C’est en Suisse où il s’abrita pendant la période de la guerre que Giacometti conçoit en 1944-45 la sculpture qui sera le prototype de ses figures debout d’après-guerre : la Femme au chariot, qui représente l’image, de mémoire, de son amie anglaise, Isabel.

Debout, faisant face et les bras le long du corps, le visage sans expression, cette sculpture est exemplaire de la recherche de Giacometti de 1945 à 1965 sur l’espace de la représentation : les figures sont placées sur des socles qui les isolent du sol, ou inscrites dans des « cages » qui dessinent un espace virtuel. Certaines compositions comme La Clairière sont posées sur des plateaux en lévitation – il s’agit, là aussi, d’établir un espace parallèle au nôtre. Les figures féminines debout sont des silhouettes allusives, réduites parfois à un trait, et toujours approchées par étapes successives qui se traduisent par des séries.

Les Quatre femmes sur socle et les Quatre figurines sur piédestal sont deux propositions de quatre femmes debout vues à des distances et dans des circonstances différentes. Avec les Trois hommes qui marchent, Giacometti cherche à saisir en sculpture la vision fugitive de figures en mouvement. En 1950, Giacometti réalise une série de sculptures qui traduisent l’image d’une clairière où les arbres seraient des femmes et les pierres des têtes d’homme, image qu’il poussera plus tard jusqu’à son point ultime, en grandeur réelle.

Source : Fondation Giacometti

 

autres sources :

Musée Maillol (Paris)

 

 

 

oeuvres de Giacometti vues au Musée Maillol (Paris), au Musée Granet (Aix en Provence) et à l'occasion de l'exposition "Picasso et Giacometti" au Musée Picasso à Paris (2018) en une galerie (sonorisable)